Storie - Histories
Florence, 1919, Monsieur le Comte demande un cocktail, on lui sert un Negroni. A Paris ensuite, on inventera le Boulevardier
L’histoire du Negroni est intimement liée à celle de l’Americano, on pourrait même aller jusqu’à dire qu’il est en quelque sorte son filleul. Il est souvent très difficile de trouver la date de création et la paternité des cocktails les plus historiques, on l’a vu pour le Manhattan ou l’Americano, ce n’est pas le cas pour le Negroni.
Nous sommes en 1919 à Florence, dans l’un des clubs les plus célèbres de l’époque, le Bar Casoni, l’un de ses plus fidèles clients demande au barman, Fusco Scarselli, de lui servir un americano un peu plus fort, car il n’était un grand amateur de soda, et désigna la bouteille de gin, un spiritueux qu’il avait appris à apprécier lors de ses séjours à Londres. C’est ainsi que le cocktail s’appelait désormais “Americano alla moda del Conte Negroni”, plus tard abrégé en Negroni, en son honneur.
Depuis lors, la recette a changé plusieurs fois. En effet, à l’origine, on dit que le soda était encore utilisée pour remplir le verre, sauf pour le Comte, et que, par conséquent, la quantité de gin était moindre, mais de nos jours la recette est maintenant codifiée avec Gin, Vermouth Rouge et Bitter à parts égales.
Cependant, il existe d’innombrables versions, car il est très facile, et sans aucun doute très amusant, de remplacer les ingrédients si, par exemple, ils ne correspondent pas à nos goûts, ou plus simplement nous nous rendons compte que notre bar n’en a pas. On peut en effet remplacer le gin par du prosecco, obtenant ainsi le très fameux Negroni Sbagliato, ou par un Riesling Renano, comme dans le cas du Cardinale, ou encorepar de la vodka, du rhum ou du mezcal. En ce qui me concerne, je ne suis pas un grand fan de gin, même si en vieillissant, j’apprends à l’apprécier. Je me souviens qu’un soir au Harry’s Bar à Paris, au Sank Roo Doe Noo (5, rue Danou), comme le propriétaire suggérait à ses clients américains d’indiquer l’adresse du bar aux chauffeurs de taxi, j’ai rejoint un ami qui sirotait un negroni et le barman, se souvenant de ma passion pour le bourbon et les cocktails sans glaçons, m’a proposé un cocktail créé sur ce même lieu en 1927: le Boulvardier, dans lequel au lieu du gin on utilise … du bourbon.
Voici la recette:
- 45 ml de Bourbon
- 30 ml de Bitter Campari
- 30 ml de Vermouth Rouge
Remuer les ingrédients dans un verre à mélange et servir dans un verre à cocktail garni d’un zeste d’orange.
Salute
Michele Crippa
Maître d’hôtel, Lucas Carton Paris
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