Storie - Histories
Dry Martini: un gin anglais et un vermouth français donnent naissance au roi des cocktails
L’origine du nom Martini semble être due à la déformation du nom d’un cocktail historique, le Martinez, dans lequel le “Z” a été perdu pour une raison inconnue et la lettre finale “E” a été lue (comme le veut la tradition anglo-saxonne) comme un «I». Cela explique pourquoi, au début de son histoire, il y avait beaucoup de confusion, alors que les deux cocktails sont diamétralement opposés. Cependant, ce qui est certain, c’est que le nom de la célèbre entreprise italienne de Vermouth n’est pas du tout à l’origine de ce cocktail.
En fait, la version originale semble être née à New York, de l’idée d’un barman italien, Queirolo, d’utiliser un Vermouth Dry français (Noilly Prat) et de réduire la dose, une décision presque forcée dûe au phylloxéra (vous pouvez trouver ici ses répercussions sur le monde du bar). Le barman a ensuite terminé le cocktail avec un zeste de citron et, pour tenir compte de la salinité naturelle de Noilly Prat, a ajouté une olive en saumure, créant ainsi le Dry Martini, inspiré du nom de famille de sa mère. La version originale indiquait 2 volumes de Gin pour un de Vermouth, mais la quantité de ce dernier diminuait progressivement, jusqu’à atteindre aujourd’hui un ratio de 6 pour 1. De retour en Italie, Queirolo a commencé à préparer sa création avec le Martini Dry, liant ainsi à jamais le cocktail à la célèbre entreprise italienne. Néanmoins, il existe une version sucrée: le Sweet Martini (l’un des cocktails préférés de la reine Elizabeth II), qui implique l’utilisation du vermouth rouge original, ainsi qu’un terrain d’entente dans lequel les deux vermouths sont utilisés à parts égales, le Perfect Martini.
Il existe également d’innombrables autres variantes de ce cocktail, comme par exemple celui dédié à Hemingway (particulièrement apprécié par Sir Winston Churchill), dans lequel le Vermouth blanc sert uniquement à parfumer la glace et est jeté avant d’ajouter du Old Tom Gin. Ou encore le Dirty Martini, dans lequel la salinité de Noilly Prat est renforcée avec 10 ml de saumure d’olive; si vous voulez être audacieux, vous pouvez remplacer la saumure par de l’eau d’huître pour obtenir l’Oyster Martini.
Bien sûr, quand il s’agit de Martini, la première image qui me vient à l’esprit est celle de l’agent secret de Sa Majesté, Bond … … James Bond. Le cocktail symbolique de 007 est le Vesper Martini, qui se caractérise par la présence, en plus du gin (40 ml), de 10 ml de vodka et aussi de 10 ml de Kina Lillet, évidemment “Shaken not stirred” (agité non remoué). Malheureusement, dans l’adaptation cinématographique du roman de Ian Fleming, Bond se retrouve à boire un martini préparé uniquement avec de la vodka, donnant ainsi vie à la mode des Vodkatini.
La liste des enfants et petits-enfants du cher Dry Martini est interminable, à laquelle il faut également ajouter quelques enfants illégitimes, car souvent le mot “Martini” est ajoutés aux cocktails qui sont simplement servis directement dans le verre renommé dit “à Martini”.
Dans les prochains articles, nous aborderons plus en détail certaines des versions les plus importantes, et celles qui ont retrouvé une seconde jeunesse grâce aux projecteurs du grand et du petit écran.
Michele Crippa
Maître d’hôtel, Lucas Carton Paris