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Bordeaux, Margaux, Desmirail, on parle avec…Denis Lurton!

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Aujourd’hui, j’ai eu la chance d’échanger avec Denis Lurton, une mine, au vrai sens du terme, d’informations sur le vignoble. Pour ceux qui ne le connaissent pas, M. Denis Lurton est propriétaire et gérant du château Desmirail, un magnifique troisième grand cru classé de Bordeaux, originaire de la commune de Margaux. Ce domaine possède un terroir très classique, typique des vignobles du Médoc, une terrasse quaternaire, formée à l’époque quaternaire par l’appoint.

Notre conversation a eu lieu après avoir goûté (pour ma part) son 2019, que j’ai trouvé excellent, bien équilibré et élégant. J’ai voulu goûter les 2018 plus tard et les ai trouvés riches et doux; ce qui m’a vraiment frappé, dans les deux cas, c’était la disponibilité des vins qui venaient d’être mis en bouteille pour 2018, et pour 2019 encore en fût de chêne!

 De plus, on parle souvent de changement climatique avec un impact important sur la teneur en alcool des vins. Or à Desmirail, heureusement je n’ai pas retrouvé, ou du moins je l’ai ressenti positivement. 

Après tout cela, j’ai alors pensé entrer en contact avec M. Lurton; nous parlons d’un grand vigneron issu d’une famille très importante de la région bordelaise, mais il a pris de son temps et a répondu avec enthousiasme à mon invitation. 

Monsieur Denis Lurton

Desmirail est une beau vignoble d’une quarantaine d’hectares, situé sur la commune de Margaux. M. Denis Lurton a pris les devants en 1992 et a donc eu la chance ou le courage, j’oserai dire, de traverser trois époques viticoles différentes. Savoir s’adapter à partir des années 90 ‘, où tout le monde abandonnent l’héritage des deux décennies précédentes (70′ et 80’) pendant lesquels il fallait beaucoup produire. Puis passant par la  fièvre américaine (où il a fallu faire des vins concentrés) puis celle chinoise (la fièvre des prix fous) pour arriver à aujourd’hui où, tous les producteurs et les consommateurs, se posent la questions de respect de la nature et donc de l’environnement .  Un travail de titan !

J’ai eu la chance récemment, de participer à une étude sur les vins norvégiens et anglais, aussi j’ai donc préparé le terrain pour ce qui concerne le thème du réchauffement climatique et de l’avenir des grands vignobles tels que Bordeaux, Bourgogne, Champagne… 

Vous comprendrez que tous ces éléments climatiques affectent et préoccupent beaucoup les vignerons!

Bordeaux a toujours eu une réputation et une place importante dans le monde du vin; les études sur l’œnologie moderne ont commencé à Bordeaux et si aujourd’hui en Californie, dans le Piémont, plutôt que dans le Priorat (pour ne citer que certains des grands vignobles du monde), on met du «vin en bouteille» plutôt que de le vendre en vrac, il faut remercier les pères de l’œnologie moderne des universités bordelaises. A Bordeaux on étudie le présent et l’avenir du vin et donc, demander à un Bordelais comment il voyait l’avenir me paraissait indéniable.

Alors j’ai demandé à Denis Lurton comment il voyait l’avenir. Je dois dire que sa réponse fut vraiment intéressante, je le cite: “on évalue à court et moyen terme, mais on le fait en utilisant de nouveaux cépages provenants du sud comme le carmenère, ou on renforce les études sur un cépage, jusqu’ici sous-estimé car capricieux, comme le petit verdot “(que je considère comme le sel de l’assemblage bordelais). 

Cela m’a surpris car de nombreux domaines envisagent d’investir dans le nord, comme en Angleterre, certains en Inde ou en Chine, mais Denis Lurton tient à rester en France!

Je vous épargnerai les nombreux détails que vous trouverez dans la vidéo, mais j’ai été frappé par la simplicité de la façon dont ses ancêtres avaient conçu la cave, en utilisant l’effet gravitationnel et comment, Monsieur Lurton apprécie grandement la lutte raisonnée entre insectes sans forcément se précipiter à les étiqueter de bio, biodynamique…

Chais de Desmirail

Nous avons conclu avec son millésime préféré: 2009. Denis Lurton a comparé le vin à l’homme parlant de la phase d’enfance exubérante (surtout quand j’ai vanté les très jeunes millésimes), puis de passer à l’adolescence que, si compliquée, c’est-à-dire si le vin est fermé, même si vous le secouez, la marge de résultat n’est jamais satisfaisante, il faut donc attendre. 

2009 a donc été une année d’adolescence paisible. Je l’ai goûté il y a quelques années et je me souviens d’un joli grenat homogène et lumineux, un nez complexe, mais riche en arômes de fruits noirs mûrs, accompagné de quelques touches d’anis étoilé et d’une pointe de curry indien! Une bouche riche mais bien équilibrée; ce qui m’a frappé, une finale minérale et longue!

Maintenant, permettez-moi de parler de 2019 que j’ai goûté “en primeur”.

En 2019, Margaux est l’appellation qui a réussi à produire des vins qui parviendront à atteindre un équilibre rapidement.

Pour Desmirail, un rubis intense assez homogène avec quelques reflets légèrement violets. Un nez élégant qui évoque des notes de cassis et de myrtille. La bouche est une alternance de notes chaudes et douces et de fraîcheur / tanin. Un vin qui offre déjà un excellent équilibre et qui sera prêt à être débouché en 2025!

2018: Comme monsieur Lurton l’a déjà défini dans une interview, 2018 c’est un millésime classique, donc de garde mais surtout de patience!

Belle robe rubis vif, nez dominé par le fruit, qui est de plus en plus la marque de fabrique de la maison. Une bouche riche, large mais elegante. Personnellement je l’aime beaucoup, mais c’est vrai qu’il lui faut quelques années(si par contre en 2021, vous avez quelques bouteilles, débouchez-la, je pense que vous serez conquis).

J’étais vraiment content de parler de Bordeaux car, c’est quand même la base de départ, quand on commence ce chemin de la connaissance du vin. 

Peut-être cela me ramène à ma jeunesse?

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